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CHRONIQUE PRINCIPALE :
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Avec son sixième disque, Hurry Up Tomorrow,
The Weeknd présente potentiellement son dernier album. Bien qu'une
grande partie du R&B expérimental et de la pop futuriste produits
par Abel Tesfaye au cours de son ascension vers la célébrité
mondiale ait été lourde, morose et fataliste, un nuage de finalité
plane lourdement sur Hurry Up Tomorrow. Presque toutes les
chansons se concentrent sur les rigueurs de la célébrité, sur le
fait d'être épuisé par les exigences des tournées, de vouloir s'en
aller et d'être prêt à en finir avec tout ça. En plein désespoir,
The Weeknd profite de chaque occasion pour faire comprendre à son
public que c'est la fin. Heureusement, ces thèmes déprimants sont
enveloppés dans la même production brillante, pour une écoute
quelque peu contradictoire. Les 84 minutes de l'album semblent
traiter sans cesse de sa vie d'opulence et de luxe, mais Hurry Up
Tomorrow est rythmé avec calcul avec de belles transitions entre
les chansons qui rendent l’ensemble cohérent. Les sons lancinants et
les mélodies sombres et enchanteresses de « Cry for Me » rappellent
les précédents succès de l’artiste, et font rapidement place à
l’excellente pièce brésilienne « São Paulo » (avec Anitta).
La ballade morose « Reflections Laughing » gagne en intensité
jusqu'à devenir une expérience cinématographique. Les quelques rares
moments plus légers de l’album arrivent avec le rap de « Timeless »
avec Playboi Carti, la pop ensoleillée de « Give Me Mercy »
et une réplique du groove de « Thriller » de Michael Jackson
dans la deuxième moitié de « Wake Me Up ». Malgré tout, il y a un
peu trop de tristesse à gérer alors que Tesfaye décrit la mort
métaphorique de The Weeknd sous tous les angles. Un sample de
Giorgio Moroder tente d'animer « Big Sleep », mais chaque moment
d'excitation se fond dans un ensemble beaucoup plus noir. En fin de
compte, Hurry Up Tomorrow atteint son objectif, soit de
mettre fin à la carrière de The Weeknd de manière cérémonieuse.
L’exécution est parfaite, avec une production impeccable, mais qui
s’étend malheureusement un peu trop dans son côté sombre.
Vidéoclips :
« Sao Paulo » -
« Open Hearts » -
« Cry for Me » |
  ½


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DÉCOUVERTE DU
MOIS
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La chanteuse irlandaise Jessica Smyth
(alias Biig Piig) a fait ses débuts au sein du collectif Nine8,
naviguant entre R&B, pop alternative et hip hop. Avec son premier
album, 11:11, Biig Piig poursuit dans la même direction, avec
en plus une touche jazzy qui s’ajoute à son style électro moderne.
Cependant, on peut déceler un certain manque de cohésion entre les
11 pièces de l’ensemble, totalisant moins de 30 minutes. « 4AM » et
« Decimal » se distinguent par leur production soignée, malgré leur
minimalisme électronique, tandis que « Cynical » explore des
sonorités hip hop et garage. Malheureusement, certaines autres
pièces ne présentent que peu d’éléments dignes d’intérêt. Biig Piig
démontre tout de même un talent mélodique indéniable et une capacité
à procurer un groove subtil à ses chansons. L'album vise un large
auditoire, mais le manque de succès instantanés risque de conserver
Biig Piig en territoire underground.
Vidéoclips :
« 4AM » -
« Favourite Girl » -
« Ponytail » -
« 9-5 » |
  


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février
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Franz Ferdinand n'a jamais craint de s'écarter du
son qui l'a rendu célèbre, mais les résultats ont été plutôt
variables. La pop énergique et les ballades au piano inquiétantes de
You Could Have It So Much Better détonnent avec leur premier
album éponyme au rock post-punk incisif. Sur The Human Fear,
le groupe abandonne toute prétention d’être cool au profit de la
mélodie et de la personnalité. Le groupe a travaillé avec le
réalisateur Mark Ralph, ingénieur sur
Right Thoughts, Right Words, Right Action, et The Human
Fear s'inscrit dans la lignée des chansons pleines d'esprit et
souvent poignantes de cet album. Après « Audacious » en ouverture
(un hommage à « All the Young Dudes » de Mott the Hoople),
« Everydaydreamer » est probablement le titre phare de l’album, qui
donne un ton d'introspection, devenant plus sombre sur « Bar Lonely
» un peu plus tard. Lorsqu'ils reviennent avec des rythmes dansants,
ils sont toujours aussi accrocheurs 20 ans plus tard, mais avec une
pointe de maturité additionnelle. Les autres moments forts de
l’album nous arrivent avec « Hooked » et « Night or Day ». « Tell Me
I Should Stay » propose de nouvelles expérimentations avec un reggae
doux, un collage de pianos en écho et des refrains à la Beach
Boys. « Black Eyelashes » est moins réussie alors qu’Alex
Kapranos avance une réflexion un peu exagérée sur son héritage
grec en incorporant des influences rebetiko et un bouzouki
retentissant. The Human Fear est un album un peu plus engagé
que les précédents, mais avec seulement 35 minutes, il semble
incomplet, en manque d’une paire de succès mémorables pour en faire
un album de premier plan. Un effort respectable, mais sans plus!
(chronique principale de février 2025)
Vidéoclips :
« Audacious » -
« Night or Day » |
  


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Après un premier mini-album en 2023,
You're Welcome, le duo indie de Brighton en Angleterre
Lambrini Girls poursuit à un niveau élevé d'indignation. Sur leur
premier album complet, Who Let the Dogs Out, elles abordent
l'inégalité des sexes, les atrocités politiques et culturelles, et
les mauvais comportements en général. La chanteuse Phoebe Lunny
ne mâche pas ses mots lorsqu’elle parle de masculinité toxique, de
xénophobie et de pathologisation médicale, et elle nous lance le
tout d’une voix agressive (et agressante) plus souvent parlée que
chantée sur une musique garage et punk. Les Lambrini Girls,
complétées par la bassiste Lilly Macieira et une batteuse
officieuse, braquent les projecteurs sur la misogynie liée à la
taille et au poids sur « Nothing Tastes as Good as It Feels », un
jeu de mots sur la fameuse citation « skinny feels » du mannequin
Kate Moss, avec une distorsion de guitare et des paroles
enragées qui reflètent leur expérience personnelle de la dysmorphie
corporelle et de la culture du régime. Cette pièce se termine par un
gémissement prolongé et une série de jurons. Un autre point fort de
l'album, « Love », examine le fait d'être attiré par de mauvais
acteurs qui n’ont rien à offrir. Ce type de témoignage vulnérable et
personnel rend les démonstrations comme la cinglante « Big Dick
Energy » d'autant plus pertinentes, et contribue à faire de Who
Let the Dogs Out un album à part parmi les disques de punk rock
contemporains. (découverte du mois de février 2025) |
  


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JANVIER :
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Lucinda Williams –
Sings the Beatles from Abbey Road
Lucinda Williams propose depuis la pandémie de
COVID-19 une série d'albums, Lu's Jukebox, des collections
thématiques dans lesquelles elle reprend l'œuvre d'un artiste ou
d'un auteur-compositeur. Après l’hommage à Tom Petty en 2021,
elle a présenté cinq autres volumes de cette série, ce qui est un
peu spécial pour une auteure-compositrice de sa trempe. Lucinda
avait 11 ans en 1964 lorsque les Beatles ont fait leurs
débuts américains, ce qui signifie qu’elle a grandi avec leur
musique. Bien que son travail, imprégné de blues, de country et de
folk, ne semble pas avoir grand-chose à voir avec les Beatles, leur
style d’écriture et leur goût pour l'expérimentation sonore l'ont
sans aucun doute marquée. Lucinda et ses musiciens se sont donc
rendus aux studios Abbey Road de Londres, où les Beatles ont
enregistré la plus grande partie de leur catalogue, et ont pondu en
trois jours cet hommage au quatuor mythique. Elle laisse de côté
leurs plus grands succès pour se concentrer sur des morceaux moins
célèbres, bien que « Can't Buy Me Love » et « Something » soient
présents. Elle donne un côté sudiste un peu sale à des titres comme
« Don't Let Me Down », « I've Got a Feeling » et « Rain ». Puis,
elle apporte une tristesse et une amertume sans fin à « I'm Looking
Through You ». « While My Guitar Gently Weeps » vole la vedette
grâce aux guitares de Marc Ford (ex-Black Crowes) et
Doug Pettibone. Le chant de Lucinda est discret sur plusieurs
chansons, laissant toute la place à ses musiciens et à l’œuvre
emblématique des Beatles. « The Long and Winding Road » et « Let It
Be » en souffrent quelque peu, alors qu’elle leur rend mal justice.
Son approche de la musique des Beatles peut aussi ne pas faire
l’unanimité, mais son désir de rendre hommage à ce groupe
incontournable de l’histoire de la musique ne peut qu’être salué.
(chronique principale de janvier 2025) |
  


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Il est rare qu'un artiste connaisse autant de
succès que Wyatt Flores dès le début de sa carrière. Avec seulement
deux mini-albums à son actif, le jeune homme de 23 ans avait déjà la
prestance d'un artiste country chevronné avant même d’avoir sorti un
album complet. Les attentes étaient donc très élevées pour
Welcome to the Plains, le premier album de ce natif de
l'Oklahoma. Flores reste fidèle à ses points forts tout en
introduisant de nouveaux éléments rafraîchissants. Il surprend même
avec une moitié d’album un peu plus joyeuse que ce qu’il avait
présenté jusqu’à maintenant. L'autre moitié reflète tout de même le
style poignant et mélancolique caractéristique de ses débuts. La
chanson-titre donne immédiatement le ton au disque. Quatre des 14
titres sont parus auparavant, ce qui peut être dérangeant pour ceux
qui les connaissaient déjà, surtout qu’ils font une coupure avec le
thème général de l’album. La réalisation est plutôt simple, centrée
principalement sur la guitare et le violon (par Matt Combs).
« Forget Your Voice » est l'une des chansons les plus uniques et
accrocheuses de Flores et elle se démarque clairement. Même si la
chanson est triste à la base, elle n'en est pas moins entraînante et
vous fera taper du pied. « Oh, Susannah », sorti quelques semaines
avant l’album, est également l'un des titres les plus émouvants de
Welcome to the Plains, relatant ses problèmes de santé
mentale du début de l’année 2024. Wyatt Flores est un excellent
raconteur, un vrai troubadour, et une grande partie de l'album est
basée sur ses expériences personnelles. Même la pochette du disque
raconte une histoire. (découverte du mois de janvier 2025)
Vidéoclips :
« Oh Susannah » -
« Don’t Wanna Say Goodnight » -
« Welcome to the Plains » |
  ½


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DécEMBRE :
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From Zero
représente un retour sur disque pour Linkin Park après le suicide de
Chester Bennington en 2017. Le groupe peut maintenant compter
sur la chanteuse Emily Armstrong (Dead Sara) qui, sans
chausser les bottes de Bennington, s’intègre parfaitement dans le
style du groupe grâce à sa voix puissante. Trois des quatre premiers
simples démontrent un véritable un retour aux sources. « Heavy is
the Crown » présentait une excellente carte de visite avant que
« The Emptiness Machine ne devienne l’un des plus grands succès rock
de l’année, un classique instantané. Quant à « Two faced », on ne
peut s'empêcher de penser que le groupe ne fait que copier son style
du passé : il y a un mouvement similaire à « Figure 09 », un riff et
un découpage comparables à « One Step Closer », sans oublier des
scratches déjà entendus. Le reste de l'album s’avère beaucoup moins
excitant. « Over Each Other » est tout simplement ennuyante et ne
cadre pas dans le style de l’album, pendant que beaucoup d’autres
titres ne servent que de remplissage sur ce disque déjà trop court
(32 minutes). Et même si Emily est très solide (et originale sur
« IGYEIH »), elle semble vouloir imiter Bennington en plusieurs
occasions, ce qui ramène inévitablement la comparaison. En
conclusion, From Zero nous laisse sur notre appétit. Il nous
épate grâce à ses deux premiers simples qui s’ajoutent admirablement
au répertoire de Linkin Park, mais nous déçoit par la suite, se
terminant en nous transmettant un sentiment de frustration.
(chronique principale de décembre 2024)
Vidéoclips :
« Heavy is the Crown » -
« The Emptiness Machine » -
« Over Each Other » -
« Two Faced » |
 ½


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Kim Deal –
Nobody Loves You More
Grâce à des années de travail avec les Pixies,
les Breeders et Amps, Kim Deal est devenue une
influence considérable dans la musique alternative depuis la fin des
années 1980. Mais avec Nobody Loves You More, son premier
album solo, elle révèle qu'elle peut encore surprendre. Deal a écrit
et enregistré le disque au cours d'une décennie charnière durant
laquelle elle s'est séparée des Pixies, a reformé les Breeders,
s'est occupée et a fait le deuil de ses parents, en plus d’avoir eu
à faire face au décès de son ami et fidèle collaborateur Steve
Albini. Elle présente donc un album résolument personnel. Sur «
Summerland », elle gratte un ukulélé offert par Albini et chantonne
des vacances avec ses parents dans les Keys de Floride. « Are You
Mine », une étonnante ballade aux accents country, glisse entre une
chanson d'amour classique et un souvenir émouvant de la démence de
sa mère. « Disobedience », et la chanson la plus accrocheuse, «
Crystal Breath », avec ses rythmes croustillants, son harmonica et
son riff de guitare accrocheur sont deux chansons particulièrement
efficaces. Conforme au style de ses groupes passés, Deal s’avère
difficile à cerner, son album nécessitant une période d’adaptation.
Il lui a peut-être fallu près de 40 ans pour se lancer en solo, mais
l'attente en valait la peine : Nobody Loves You More est un
très bon album avec d’excellentes chansons de rock alternatif.
(découverte du mois de décembre 2024) |
  ½


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