L’avant Queen (1968-1971)
Vers la fin des
années 1960, le guitariste Brian May et le
batteur Roger Taylor sont membres d’un groupe
semi-professionnel dans la région de Londres, nommé
Smile, avec Tim Staffell en tant que
bassiste-chanteur. Freddie Mercury, qui, à cette
époque, porte toujours son vrai nom, Farrokh «
Freddie » Bulsara, est l’ami et camarade de chambre
de Tim Staffell au Ealing Art College et suit de près la
carrière du groupe. En tant que meneur et chanteur
d’autres groupes universitaires, tels qu’Ibex en
1969 et Sour Milk Sea en 1970, Mercury a très
envie de partager ses aspirations musicales et
artistiques afin que Smile puisse aller plus loin.
Finalement, Tim Staffell quitte Smile pour un autre
groupe, Humpy Bong, et Mercury doit pousser Brian
May et Roger Taylor à continuer l’aventure. Au passage,
il finit par imposer leur nouveau nom, Queen, qui
remplit plusieurs critères chers à Mercury : court et
donc facile à retenir, assez pompeux et irrévérencieux à
la fois - Queen signifiant « reine », mais également «
homosexuel » en argot britannique. Le groupe procède à
des essais avec plusieurs bassistes au cours de cette
période, sans grand succès. Parmi les bassistes méconnus
ayant auditionné et joué avec le groupe, on peut noter
Mike Grose (jusqu'en août 1970), Barry
Mitchell (jusqu'en janvier 1971), ainsi que Doug
Bogie (jusqu'à l'arrivée de John Deacon en
février 1971).
L’aube d’un son unique (1971-1974)
Il leur faudra
attendre février 1971 pour rencontrer John Deacon et
commencer à répéter pour l’enregistrement de leur
premier album. Au début de sa carrière, Queen est un
groupe profondément influencé par de nombreuses
références issues du rock progressif. Principalement,
des compositions de durées assez longues, une
orchestration complexe, et des paroles basées sur un
monde onirique ou fantastique. Cette tendance est tout
particulièrement notable dans leurs deux premiers
albums.
En 1973 sort
donc chez EMI leur premier album éponyme, Queen,
qui recevra d’excellentes critiques. Ce premier opus est
fortement teinté de heavy metal et de rock progressif.
En 1974 sort
l’album Queen II, nommé ainsi en référence aux
albums de Led
Zeppelin dont les titres comportent alors le nom
du groupe suivi d’un numéro. On y trouve quelques-unes
des rares compositions du groupe laissant la place à la
guitare acoustique. C’est à partir de ce moment que
Queen commence à se constituer un public et à réussir
commercialement parlant. Dans cet opus, leur style est
plus abouti, ils se lancent dans une musique rock
mélangeant solos psychédéliques, envolées baroques et
effets flamboyants, jouant avec les chœurs et
multipliant les changements de rythmes. Alors qu’ils
partent en tournée aux États-Unis avec Mott the
Hoople dont ils assurent la première partie, ils
commencent à se faire remarquer pour leurs prestations
scéniques engageantes et de bonne facture. L’album
finira 5e dans le classement des meilleures
ventes au Royaume-Uni, le single sélectionné, « Seven
Seas of Rhye », se hissant quant à lui à la 10e
place de sa catégorie et offrant ainsi au groupe son
premier réel succès. Cependant, malgré la tournée, les
ventes aux États-Unis ne décollent toujours pas.
Le début d’une réelle percée
(1974-1976)
Plus tard, la
même année, le groupe enregistrera et sortira l’album
Sheer Heart Attack. L’album se vend aussi bien au
Royaume-Uni qu’en Europe en général et finit disque d’or
aux États-Unis, donnant au groupe un avant-goût des
succès à venir. On y retrouve un mélange de styles assez
étonnant, allant du music hall britannique au heavy
metal en passant par des ballades, du ragtime et même un
peu de musique des Caraïbes. C’est à partir de cette
période que Queen se dissocie du mouvement rock
progressif des débuts, pour se rapprocher d’un style de
musique plus aisément diffusable à la radio. Le titre
« Killer Queen » grimpe au second rang du classement
britannique, et entre finalement dans les palmarès
américains, à la 12e place. Il s’agit d’une
intéressante composition teintée de vaudeville façon
music hall, servie par le jeu de guitare de Brian May.
Le second extrait, « Now I’m Here », de facture hard
rock plus classique, finira à la 11e place en
Grande-Bretagne.
Pour la tournée
de promotion 1974 de Sheer Heart Attack, Queen
rejoue au fameux Rainbow Theater de Londres, salle que
le groupe a eu l'occasion de découvrir plus tôt (en
mars) la même année. Lorsque le film-concert de
Led Zeppelin,
The Song Remains the Same, sortira dans les salles
en 1975, des extraits de ce concert de Queen seront
diffusés en début de projection.
Au cours de
l’année 1975, Queen enregistre et sort A Night at the
Opera. À l’époque, c’est l’album le plus cher jamais
produit. Il comprend l’immense succès international
« Bohemian Rhapsody », composé par Freddie Mercury et
qui demande à elle seule trois semaines de travail en
studio. Ce titre sera numéro 1 pendant neuf semaines
consécutives à sa sortie, puis encore cinq semaines
d’affilée lorsque Mercury viendra à décéder, en 1991. En
1992, le succès du film Wayne’s World auprès du
jeune public donnera un second souffle à ce morceau. Au
final, ce titre finira troisième single britannique le
plus vendu de tous les temps. Il est intéressant de
noter que la maison de production du groupe (il s’agit
alors de Trident, label du groupe EMI) souhaitait à
l’origine raccourcir le morceau pour faciliter sa
diffusion radio. « You’re My Best Friend », second
extrait, s’offrira lui aussi un beau succès mondial.
Globalement,
l’album est d’une richesse et d’une diversité peu
communes pour l’époque. Par exemple, sur « The Prophet’s
Song », longue de huit minutes, le groupe joue sur les «
mouvements » de son en stéréophonie et une simple phrase
vocale répétée grâce à l'effet delay sur de
multiples pistes donne une impression de chant choral à
l’ensemble. Énorme succès dans leur pays d’origine,
l’album offrira à Queen un triple disque de platine aux
États-Unis.
A la même
époque, leur manager, Jim Beach, négocie la
rupture du contrat liant Queen au label Trident et
quitte la direction commerciale du groupe. Parmi les
options proposées à Queen, on peut noter la proposition
faite par Peter Grant, manager de
Led Zeppelin.
Cependant, ce dernier souhaite les signer sur la propre
maison de disques de ce groupe, ce que Queen ne peut
accepter. Ainsi, ils finiront par contacter John Reid,
qui s’occupe entre autres d’Elton John.
En 1976, le
groupe retourne en studio pour enregistrer ce qui sera
souvent perçu comme le pendant du précédent album.
Intitulé A Day at the Races, titre lui aussi
emprunté à un film des Marx Brothers, il reprend
une couverture assez similaire à son prédécesseur, avec
une légère variation du logo, cette fois-ci sur un fond
noir. Quoique très bien reçu, tant par les critiques que
par les inconditionnels du groupe, l’album peine à
éclipser le précédent et se vend moins bien.
Le titre phare
de l’album, « Somebody to Love », s’inspire du gospel et
Mercury, May et Taylor multiplient leurs prises de voix
en studio afin d’en faire un chœur de cent « personnes
». Ce titre prendra la 13e place des palmarès
aux États-Unis et la seconde place au Royaume-Uni.
Cette même année,
Queen donne un fameux concert gratuit à Hyde Park,
Londres. L’auditoire sera officiellement estimé à 150
000 personnes, bien que plusieurs sources avancent un
chiffre proche des 180 000. Plus généralement, la
fourchette oscille entre 150 000 et 200 000. En
comparaison, le concert du Live 8 2005 donné à
Londres, qui a rassemblé certains des plus grands
artistes de ces dernières décennies (au nombre desquels
The Who, U2,
Madonna, Coldplay, Elton John et Robbie
Williams) et a vu se réunir pour l’occasion le
groupe Pink Floyd,
a attiré une audience estimée à 150 000 personnes.
Continuité dans le succès (1977-1979)
En 1977 sort
News of the World. Bien qu’assez durement critiqué à
son arrivée dans les bacs, l’album gagnera son public
avec le temps et finira par être considéré comme un
incontournable du style hard rock de la fin des années
70. Deux nouveaux succès en seront tout de même issus,
qui deviendront par la suite des hymnes sportifs dans le
monde entier : « We Will Rock You » de Brian May et « We
are the Champions » de Freddie Mercury. Les deux titres
finiront N°4 aux USA. C’est d’autre part avec cet album
que la France va enfin s’intéresser au groupe.
Roger Taylor
sort cette année-là son premier travail en solo, sous la
forme d’un single. La face A est une reprise du groupe
The Parliaments, « I Wanna Testify », tandis que
la face B est une composition originale de Taylor,
« Turn On the TV ».
S’ensuit la
sortie, en 1978, de l’album Jazz, incluant les
désormais classiques « Fat Bottomed Girls » et « Bicycle
Race », qui seront tous deux sortis sur le même 45
tours. Bien qu’étant incontestablement un succès
commercial, Jazz est assez critiqué, entre autres
à cause de la multiplicité des styles musicaux abordés.
La pochette de l'album s’inspire d’une peinture alors
visible sur le mur de Berlin. Parmi les morceaux de cet
album, on peut noter « Mustapha », performance vocale
d’inspiration arabisante signée Mercury. Il convient
d’ailleurs de noter qu’il ne chante pas dans une langue
existante, certains ayant pensé reconnaître du persan ou
de l’arabe, mais improvise des sonorités aux consonances
orientales.
Nouvelles sonorités, apparition des
synthétiseurs (1980-1982)
Queen attaque
les années 80 avec l’album à succès The Game, qui
s’avèrera être leur opus le mieux vendu en dehors des
compilations Greatest Hits. Ce sera également
leur plus gros succès aux États-Unis, avant un déclin
sensible des ventes dans ce pays. Utilisant pour la
première fois des synthétiseurs, le groupe bouleverse sa
propre tradition. En effet, jusqu’ici les albums
arboraient, non sans fierté, la mention « No
synthesizers were used on this record », soit en
français : « Aucun synthétiseur n’a été utilisé sur cet
album ». On retrouve sur The Game les succès
« Crazy Little Thing Called Love » et « Another One
Bites the Dust », succès planétaire composé par Deacon.
Le premier de ces deux morceaux est une percée
clin-d’œil dans le monde du rockabilly, Mercury allant
jusqu’à prendre une guitare folk tant en studio que sur
scène. Pour sa part, Brian May délaisse très
provisoirement sa célèbre guitare, la Red Special. Il
utilise exceptionnellement une Fender Telecaster,
empruntée à Roger Taylor et un amplificateur Mesa
Boogie. Là aussi, c’est un changement, May étant
d’habitude fidèle à ses Vox AC 30.
Pendant
plusieurs années, une rumeur populaire a voulu que ce
soit Michael Jackson qui, le premier, leur ait glissé
que « Another One Bites the Dust » ferait un excellent
single. Ce dernier morceau, certifié quatre fois disque
platine aux États-Unis et resté numéro un des ventes
dans ce pays pendant quatre semaines consécutives, aura
aussi été le seul à apparaître simultanément en tête des
classements rock, dance et R&B du magazine Billboard.
En parallèle
sort également leur premier Greatest Hits,
compilation composée de leurs chansons les plus
populaires de la période 1974-1980. L’album restera
longtemps numéro un des ventes en Angleterre, et
conservera une place dans les classements pendant un peu
moins de dix ans. C'est l'album qui s'est le mieux vendu
de l'histoire de l'industrie musicale dans ce pays.
Toujours en
1980, Queen signe et sort en album la bande originale du
film Flash Gordon, qui porte pour titre complet :
Flash Gordon (Original Soundtrack Music by Queen).
L’album se vend assez mal, se hissant tout de même
péniblement au 10e rang au Royaume-Uni, mais
sert néanmoins de démonstration technique au groupe dans
un nouveau domaine.
Roger Taylor, de
son côté, sort son premier album solo, intitulé Fun
in Space.
En remplissant,
en 1981, les stades brésiliens de Rio de Janeiro et São
Paulo, le groupe conquiert le cœur des Sud-Américains.
Il est d’ailleurs le premier groupe majeur à jouer dans
cette partie du monde et, au Morumbi Stadium de São
Paulo, il décroche un record mondial d’affluence sur une
seule soirée avec une audience estimée à 130 000
spectateurs le premier soir. Queen est également le
premier groupe d’envergure internationale à tourner au
Mexique.
Pour clore
l'année 1981, Queen collabore, pour la première fois,
avec un artiste extérieur au groupe, en la personne de
David Bowie,
pour le 45 tours « Under Pressure ». L’affaire est issue
d’un hasard complet, Bowie visitant alors les studios de
Montreux (Suisse) dans lesquels Queen procède à
l’enregistrement de leur prochain album, Hot Space.
Si le groupe s’enthousiasme tout de suite pour le projet
et son résultat, Bowie, pour sa part, attendra des
années avant d’ajouter ce morceau à son répertoire en
concert. À sa sortie, le titre monte à la première place
des ventes en Grande-Bretagne. En 1990, Vanilla Ice
en reprendra d’ailleurs la ligne de basse pour son
célèbre « Ice Ice Baby », ouvrant la voie à un procès
pour plagiat, gagné par les plaignants. Récemment,
The Used et My Chemical Romance ont
réenregistré « Under Pressure » afin de lever des fonds
en faveur des victimes de l’ouragan Katrina.
Inspirés par le
succès international du morceau « Another One Bites the
Dust », Queen décide que leur prochain album devrait
logiquement se tourner vers les musiques disco et funk.
Le résultat sera Hot Space, en 1982. Pour les
fidèles du hard rock et inconditionnels du groupe, c’est
une déception puisqu’un seul des onze titres est orienté
rock. Le groupe se lance dans une tournée des États-Unis.
Les résultats étant très décevants, le groupe décide de
cesser de tourner dans ce pays, où leur succès s’est
étiolé. Cependant, ils apparaîtront une seule et unique
fois à la télévision américaine pour la première
émission de la huitième saison du célèbre Saturday
Night Live. Queen quitte également Elektra Records,
leur compagnie pour les États-Unis, le Canada, le Japon,
l’Australie et la Nouvelle-Zélande, et signe avec
EMI/Capitol Records pour assurer leurs ventes au niveau
mondial.
Retour au rock (1983-1989)
Après avoir
travaillé sans relâche pendant plus de dix ans, sur
scène ou en studio, Queen décide de ne pas assurer de
tournée pour l’année 1983. Pendant cette parenthèse, le
groupe enregistre l’album The Works et plusieurs
membres du groupe lancent des projets annexes, causant
d’incessantes rumeurs de séparation qui perdureront
pendant tout le reste de leur carrière. May sort le
mini-album Star Fleet Project, auquel collabore,
entre autres, Eddie Van Halen.
À la sortie de
The Works, Queen établit un pont entre rock et
pop grâce à des titres comme « Radio Ga Ga », « I Want
to Break Free » (qui sera utilisé comme hymne par le
mouvement démocratique brésilien tout d’abord, puis
comme musique publicitaire par la compagnie Coca-Cola),
et les tubes hard rock « Hammer to Fall » et « Tear it
Up », taillés pour les concerts. Malgré ces qualités,
l’album se vendra à nouveau très moyennement aux USA.
Jusqu’à « I Want It All » en 1989, qui se hissera au 3e
rang du United States Mainstream Rock chart, « Radio Ga
Ga » sera le dernier titre de Queen à faire une entrée
correcte dans un classement états-unien.
Le clip du
morceau « I Want to Break Free » est une parodie d’une
série télévisée britannique célèbre, intitulée
Coronation Street. Cependant, comme les membres du
groupe y apparaissent travestis, le public n’a pas
vraiment saisi la référence, sans doute influencé par la
réputation sulfureuse de Mercury.
Fin 1984, Queen
s’embarque pour une série de dates au Bophuthatswana en
Afrique du Sud, dans la ville de Sun City. À leur retour
en Angleterre, ils sont le sujet de virulentes
critiques, ayant joué dans ce pays aux pires heures de
l’apartheid. Ils rétorqueront qu’ils n’ont fait que
jouer de la musique à qui voulait bien l’entendre, et
qu’en plus, le public de ces soirées était « intégré ».
Suite à cette polémique et aux sanctions prises à leur
encontre, ils reconnaîtront plus tard que cette tournée
était une erreur de leur part.
1985 s’ouvre par
deux apparitions au festival Rock in Rio. À deux
heures du matin, le 12 janvier, Queen ouvre l’évènement
en jouant devant 325 000 personnes, établissant ainsi un
nouveau record. Ils rejouent le 19 janvier pour clore le
festival et remplissent à nouveau les 325 000 places
disponibles. À noter qu'il s'agit d'un festival, donc
Queen n'est pas le seul groupe à remplir les places,
d'autres groupes comme
AC/DC y ayant aussi grandement contribué.
Au Live Aid,
qui se tient à Wembley le 13 juillet 1985, les qualités
de Queen en tant que groupe taillé pour la démesure
explosent. Aux yeux des critiques comme des fans,
Mercury s’approprie le spectacle, jouant quelques-uns
des meilleurs morceaux du répertoire et captivant
l’auditoire par son talent musical et scénique.
Ragaillardis par
ce succès, qui d’ailleurs fait à nouveau exploser les
ventes de disques, Queen décide de mettre un nouveau
single sur le marché, intitulé « One Vision ». Il s’agit
d’un morceau rapide et axé sur le jeu de guitare qui
sera, fait encore inhabituel à l’époque, mis au crédit
des quatre membres du groupe. Il sera par ailleurs
utilisé dans le film Aigle de Fer.
Cette même année
1985, Freddie Mercury sort son premier album solo,
Mr. Bad Guy.
Début 1986,
Queen enregistre l’album A Kind of Magic,
contenant plusieurs titres destinés au film
Highlander sorti la même année, ainsi que d’autres
morceaux inspirés par le film, à défaut d’être retenus
pour la B.O. L’album est un grand succès, ainsi que la
déclinaison de singles : « A Kind of Magic », « Friends
Will Be Friends », « Who Wants to Live Forever » et
enfin « Princes of the Universe ».
Plus tard cette
même année, Queen se lance dans une tournée à guichets
fermés, le Magic Tour, afin de promouvoir l’album.
Le point d’orgue en sera un concert sur deux soirées au
stade de Wembley, qui sortira sur de multiples supports
(album, VHS et plus tard DVD) sous le titre de Live
At Wembley Stadium et est considéré comme l’ultime
témoignage des performances du groupe en concert.
Suite à ce
succès, ils tentent de réserver le stade un troisième
soir afin de satisfaire ceux qui n’ont pas pu obtenir de
place, mais un autre évènement est déjà prévu ce jour-là.
Ils se rabattent donc sur le parc de Knebworth. Les
billets se vendent tous en deux heures, et 125 000
personnes se pressent pour voir ce qui sera l’ultime
concert de Queen dans sa formation originelle. Au final,
le Magic Tour reste leur plus importante tournée,
jouée devant un total estimé à un million de spectateurs.
Rien qu’au Royaume-Uni, on dénombre 400 000 personnes,
le record de l’époque pour une tournée.
Après avoir
travaillé sur plusieurs projets personnels en 1988, dont
le fameux « Barcelona » de Mercury en duo avec
Montserrat Caballé, Queen sort l’album The
Miracle en 1989. De la même veine que A Kind of
Magic, le groupe y développe un son pop rock raffiné,
accompagné de quelques titres plus lourds, et donne
naissance aux succès européens « I Want it All », « Breakthru »,
« Invisible Man », « Scandal » et la chanson-titre.
Queen annonce que l’album ne sera pas suivi d’une
tournée. Mercury déclare qu’il est personnellement
responsable de ce choix, souhaitant simplement rompre le
cycle album-tournée établi jusqu’ici. Les rumeurs de
séparation réapparaissent, certains spéculant sur
d’éventuels problèmes de santé pour Mercury.
The Miracle
constitue également un changement d’orientation dans la
philosophie d’écriture musicale de Queen. Depuis les
débuts du groupe, presque tous les morceaux sont écrits
et signés par l'auteur des paroles seul, les autres
membres ajoutant le minimum de créativité personnelle,
aidant ainsi l’auteur à concrétiser sa vision.
Dorénavant, l’écriture devient réellement collective et,
bien que l’on puisse dire que les idées de départ aient
pour origine un membre du groupe en particulier, c’est
Queen dans son ensemble qui est crédité comme auteur des
morceaux.
Décès de Freddie Mercury et derniers
albums (1990-1997)
Se propageant
dès la fin des années 80 dans la presse à scandale, la
rumeur veut que Freddie Mercury soit atteint du sida.
Bien qu’elle soit fondée, Mercury démentit régulièrement.
Néanmoins, le groupe décide de continuer à produire des
albums en gardant le secret. En novembre 1990, le groupe
signe un nouveau contrat avec Hollywood Records pour les
États-Unis, celui avec Capital Records arrivant à son
terme et EMI conservant le sien pour le reste du monde.
L’ère s’ouvre avec The Miracle et se poursuivra,
en 1991, avec Innuendo. Bien que sa santé se
détériore, Mercury poursuit courageusement sa
contribution artistique, travaillant avec une réelle
ferveur. Au nombre des meilleurs morceaux présents sur
l’album, on peut évoquer le titre éponyme, « Innuendo »,
le décalé « I’m Going Slightly Mad » et les hymnes
désormais classiques, « The Show Must Go On » et « These
Are the Days of Our Lives ».
Le 23 novembre
1991, Mercury, dans un communiqué préparé sur son lit de
mort, admet finalement qu’il souffre du SIDA. Dans les
24 heures suivantes, il décède, à l’âge de 45 ans. Ses
funérailles seront privées, respectant en cela les
préceptes de la religion de sa famille, le zoroastrisme.
5
septembre 1946 - 24 novembre 1991
Le 20 avril
1992, le public se réunit en mémoire de Mercury pour le
concert du Freddie Mercury Tribute, donné au
stade de Wembley. Des dizaines d’icônes de l’époque, au
nombre desquelles Robert Plant, Annie Lennox,
Guns N’ Roses, Extreme, Roger Daltrey,
Def Leppard, Elton John, George Michael,
David Bowie,
Metallica et
Liza Minnelli interprètent, avec les membres
restants de Queen, une sélection de titres du groupe.
Énorme succès, le concert sera suivi par des dizaines de
millions de téléspectateurs de par le monde. Il figure
au Livre Guinness des Records comme « le plus grand
concert de rock à but caritatif » et a permis de
récolter 19 960 000 £ de dons destinés à la lutte contre
le SIDA.
Toujours en
1992, la popularité de Queen remonte en flèche aux
États-Unis suite à la sortie du film Wayne’s World,
dans lequel est reprise la célèbre « Bohemian Rhapsody »
qui se hisse au second rang des classements et y demeure
pendant cinq semaines.
Queen ne s’est
jamais réellement séparé, bien que leur dernier album
constitué d’inédits originaux, Made in Heaven,
arrive dans les bacs quatre ans après le décès de leur
chanteur (soit en 1995). Il est constitué de sessions de
chant enregistrées en 1991 et d’ébauches mises de côté
lors des enregistrements précédents. En outre, du
matériel retravaillé issu de l’album solo de Mercury,
Mr. Bad Guy, et un morceau déjà sorti dans le cadre
du projet annexe de Taylor, The Cross, y sont
ajoutés.
Depuis lors, May
et Taylor se sont souvent investis dans des projets
visant à lever des fonds pour la lutte contre le SIDA.
Deacon, pour sa part, reviendra travailler une ultime
fois avec ses deux comparses en 1997 pour enregistrer le
single « No-One But You (Only the Good Die Young) ».
C’est la dernière chanson composée par le groupe et elle
sera incluse en titre boni sur la compilation Queen
Rocks, plus tard la même année.
Projets récents (1998-2004)
Plusieurs
projets sont développés dans les années suivantes.
Certains sont de simples remixes, réalisés sans la
collaboration artistique du groupe. En 1999, l’album
Greatest Hits III voit le jour. Entre autres
morceaux, on trouve une version rap de « Another One
Bites the Dust » signée « Queen + Wyclef Jean »,
la version live de « Somebody to Love » chantée par
George Michael, et une version en concert de « The Show
Must Go On » chantée par Elton John, datant de 1997.
Brian May et
Roger Taylor se produisent également sous le nom de
Queen à plusieurs occasions (remises de prix, concerts
caritatifs, etc.), avec différents invités au chant. Ils
enregistrent également plusieurs reprises de classiques
du groupe, dont « We Will Rock You » et « We Are the
Champions », avec de nouveaux chanteurs.
En 2003, quatre
nouveaux morceaux sont enregistrés par Queen pour la
campagne 46664 (nom issu de son ancien matricule en
prison) organisée par Nelson Mandela pour lutter
contre le SIDA. Ces titres, « Invincible Hope » (signée
Queen + Nelson Mandela mettant en vedette Treana
Morris), « 46664 - The Call », « Say It’s Not True »
et « Amandla » (signée Anastacia, Dave Stewart
& Queen), ne sont pas actuellement distribués sur le
marché.
Le 11 avril
2006, Queen apparaît dans l’émission de télévision
American Idol, qui consiste en un concours de chant.
Durant cette semaine de la compétition, chaque
concurrent doit choisir et chanter un morceau de Queen.
On pourra ainsi entendre des
reprises de « Bohemian Rhapsody », « Fat Bottomed Girls
», « The Show Must Go On », « Who Wants to Live
Forever » et « Innuendo ». A posteriori, Brian May
critique les producteurs de l’émission. Selon lui, à
cause de certaines coupures effectuées au montage, la
rencontre et la performance du comédien Ace Young
avec le groupe semblent assez négatives, alors que cela
n’était à son avis pas le cas.
Queen + Paul Rodgers
(200