L’éclosion (1965-1968)
Roger Waters,
Nick Mason et Richard Wright se
rencontrent à la Regent Street Polytechnic alors qu'ils
étudient l'architecture. C'est à ce moment, en 1963, que
Waters forme un groupe avec les deux autres nommé
Sigma 6. Waters y joue la basse et chante pendant
que Mason est batteur et Wright, claviériste. Ils
changent de nom à plusieurs reprises en passant de
The Meggadeaths à The Abdabs et à The
Screaming Abdabs. À la fin de 1964, Roger Keith
« Syd » Barrett se joint au groupe qui se nomme
alors Leonard’s Lodgers, puis The Tea Set.
Waters l’avait déjà rencontré à l'école dans des cours
d'art. Ils deviennent Pink Floyd au début de 1965, nom
qui provient des prénoms de deux anciens bluesmen,
Pink Anderson et Floyd Council. Barrett joue
la guitare et chante, alors que Waters se concentre sur
la basse, avec Richard Wright aux claviers et Nick Mason
à la batterie.
Même si au départ le groupe propose un
style de rock / R&B assez prêt de ce qui se faisait en
Angleterre à ce moment-là, il évolue rapidement pour
devenir un groupe au style original et difficile
d'accès. Ils commencent à étirer des chansons avec des
passages instrumentaux douteux et à intégrer toutes
sortes de nouveaux sons. Sur scène, ils intègrent des
effets de lumières pour ajouter à l'atmosphère
psychédélique.
Pink Floyd décroche un contrat de disques
au début de 1967 et atteint le top 20 grâce à un premier
45 tours, « Arnold Layne ». Le 45 tours suivant, « See
Emily Play », atteint le top 10. Avec le premier album,
The Piper at the Gates of Dawn, le génie de Syd
Barrett se fait sentir et on a droit à un disque
psychédélique plutôt bizarre pour l'époque. On le
considère comme le meilleur album psychédélique
britannique des années 1960 après le Sgt. Pepper's...
des Beatles.
Dès le milieu de 1967, Syd commence à
montrer des signes d'instabilité mentale. Sur scène, il
lui arrive de jouer des passages qui n'ont rien à voir
avec la composition, ou bien il ne joue rien du tout!
Une tournée américaine doit être écourtée, parce qu'il
ne peut pratiquement plus fonctionner. Au début de 1968,
les autres membres du groupe, qui sont très dépendants
de lui mais qui se retrouvent incapables de travailler
avec lui correctement, décident de demander les services
de David Gilmour, un ami du groupe, comme
guitariste et cinquième membre de Pink Floyd. L'idée que
Gilmour puisse être le guitariste sur scène avec Syd qui
peut toujours fournir sa créativité dans l'écriture des
chansons ne fonctionne pas tellement bien. Quelques mois
plus tard, on congédie Syd Barrett et Gilmour assure
désormais le chant en plus de la guitare.
L’expérimentation (1969-1972)
Suite au départ de Barrett, la compagnie
de gérance décide de laisser tomber le groupe pour
continuer de s'occuper de celui qui était le
compositeur, le chanteur et le guitariste du groupe. La
majorité des observateurs ne croient pas que le groupe
puisse survivre sans Barrett. Pourtant, ils sont en
mesure de se regrouper et de créer un nouveau style.
Comme le groupe n'en est qu'à ses débuts, c'est encore
possible. Puis, aux États-Unis où le groupe n'est pas
encore très connu, le départ de Syd Barrett ne signifie
rien du tout. Le talent de guitariste de Gilmour et les
compositions originales qu'ils réussissent à présenter
avec Waters en tête leur permettent de non seulement
conserver leur succès, mais de le faire progresser.
Sur son deuxième album, A Saucerful of
Secrets, Pink Floyd peut encore profiter de la
vision de Barrett puisqu'il a participé à quelques
chansons avant de quitter le groupe. Le reste est un peu
plus formel, sobre, presque classique, surtout dans les
longues parties instrumentales. L'album atteint lui
aussi le top 10, mais les critiques sont beaucoup plus
partagées à son sujet.
Pendant les quatre années suivantes, Pink
Floyd continue à polir sa musique et à établir son style
de rock atmosphérique, planant et expérimental qui marie
le côté psychédélique aux arrangements orchestraux à la
Wagner. Ce sont leurs influences blues et pop qui
leur permettent de demeurer accessibles à un vaste
auditoire. Pendant cette période, ils ne mettent sur le
marché aucun 45 tours et se concentrent sur leurs
albums. Ils participent à des bandes originales de films
(More et Obscured by Clouds) et mettent
sur le marché une compilation de leurs premiers simples
et faces B sur Relics avant de travailler à
l'album qui allait changer l'histoire de la musique
rock, The Dark Side of the Moon.
La consécration (1973-1979)
Lorsque The Dark Side of the Moon
paraît en 1973, il ne laisse personne indifférent. À la
fois expérimental et accessible, à la fois triste et
apaisant, à la fois bizarre et pop, l’album-concept
satisfait tout le monde à un moment ou à un autre. Sa
principale force : aucun moment faible. L'album leur
permet de devenir pour la première fois des super
vedettes aux États-Unis en atteignant le #1. Un des
albums les plus vendus de l'histoire avec 15 millions de
copies aux États-Unis seulement, il demeure au top 200
américain pour un record de 741 semaines, soit 14 ans et
3 mois. On peut donc toujours trouver cet album paru en
1973 sur le palmarès en 1987, alors que le groupe vient
de sortir un cinquième album depuis ce temps. Encore
aujourd’hui, The Dark Side of the Moon se vend à
7 000 copies par semaine en moyenne. Les succès
incontournables que l'on peut y trouver sont notamment «
Time », « Money » et « Us and Them », des pièces qu'ils
interprètent toujours en concert depuis ce temps.
L'album suivant, Wish You Were Here,
atteint également le #1 en 1975. On peut y retrouver le
chef-d'œuvre en neuf parties de « Shine on You Crazy
Diamond », en plus de la chanson-titre à succès, une des
plus belles chansons du groupe avec ses accents country.
En 1977, Waters, qui prend de plus en plus de place dans
les compositions du groupe, écrit presque entièrement
l'album Animals, un peu plus agressif.
Waters remet ça avec le double album
The Wall en 1979. Cet album-concept connaît un
immense succès grâce à une approche un peu plus pop,
particulièrement sur le 45 tours à succès « Another
Brick in the Wall, Part 2 » qui devient #1 des deux
côtés de l'Atlantique. L'album demeure au #1 pour 15
semaines d'affilée et les ventes totales à ce jour
atteignent les 23 millions de copies aux États-Unis, ce
qui en fait le troisième album le plus vendu de
l'histoire. Le groupe, qui avait monté des spectacles
plutôt élaborés au cours des années 1970, atteint alors
de nouveaux sommets. Un véritable mur est construit tout
au long de la performance.
À noter que l’idée du mur entre les
musiciens et les spectateurs survient au Stade olympique
de Montréal en juillet 1977 lors de la tournée de
Animals / In the Flesh. Roger Waters est alors à
bout de nerf par rapport à un fan du premier rang qui
hurle durant un morceau acoustique (« Pigs on the
Wing »). Waters pète les plombs, demande au spectateur
de s’approcher et, une fois en face, lui crache à la
figure! David Gilmour est lui aussi excédé et il refuse
d’assurer le dernier rappel. Quelques jours après la fin
de la tournée, Waters explique à Bob Ezrin
(réalisateur du futur album) son dégoût envers le public
et souhaite, sur le ton de la plaisanterie, construire
un mur entre le groupe et les spectateurs. Ezrin lui
répond simplement : « Eh bien, fais-le! ». Et ce sera
chose faite.
La désintégration (1980-1983)
Au début des années 1980, le groupe
commence à se désintégrer lentement. Waters prend de
plus en plus le contrôle de l'identité et de la vision
du groupe, ce qui ne plaît pas beaucoup aux autres. Le
problème n'aurait peut-être pas pris d'aussi grandes
proportions si l'album The Final Cut, que Waters
a entièrement écrit, n'avait pas perdu de l'originalité
et des nouveaux éléments électroniques qui avaient
caractérisé tous leurs albums précédents. C'est donc
après ce disque en 1983 que le groupe se sépare
permettant à chacun de travailler à des projets en solo.
Le renouveau (1986-1995)
En 1986, Gilmour a envie de reformer Pink
Floyd et demande à Mason et Wright si ça les intéresse.
Ils acceptent, mais quand Waters apprend que Pink Floyd
veut fonctionner sans lui, il entreprend de bloquer le
projet en déposant une injonction contre les membres
officiels, Gilmour et Mason (Wright avait perdu ses
droits lorsqu'il avait été congédié par Waters en 1979
avant d'être réembauché comme musicien invité). Waters
perd sa cause et Pink Floyd met sur le marché l'album
A Momentary Lapse of Reason en 1987, qui allait
atteindre le top 5. Ironiquement, ils viennent de
refaire exactement ce qu'ils avaient fait 20 ans plus
tôt en tassant leur leader et principal compositeur pour
connaître un plus grand succès ensuite. La tournée qui
s’ensuit est gigantesque et ce sont plus de 200 concerts
à grand déploiement qui seront offerts à travers le
monde, le tout immortalisé sur Delicate Sound of
Thunder, album double enregistré lors des cinq
performances à Long Island, New York.
Dans les années 1990, Pink Floyd possède
toujours un immense bassin d'admirateurs. Certains
d'entre eux n'étaient pas nés à la sortie de The Dark
Side of the Moon et d'autres ignorent qu'un dénommé
Syd Barrett a déjà fait partie de Pink Floyd. Le groupe
possède désormais un style bien à lui, qu'il maîtrise à
la perfection et il peut remplir des stades à travers le
monde. Malgré tout, ils ne font paraître qu'un album au
cours de la décennie, The Division Bell en 1994,
leur premier album studio en sept ans. Il atteint le
sommet des palmarès, ce qui en fait le quatrième #1 de
leur carrière, et c'est à ce moment que Wright redevient
un membre de Pink Floyd à temps plein pour la première
fois depuis 15 ans. La tournée qui suit est phénoménale
avec une mise en scène hors du commun. Ils en tirent
d'ailleurs un album double intitulé PULSE qui paraît en
1995, suivi d'un DVD disponible seulement en Europe,
mais réédité à nouveau en 2006 sous la forme d'un DVD
double, cette fois-ci disponible à travers le monde.
La retraite (1996-…)
Pink Floyd est introduit au temple de la
renommée du rock ‘n' roll le 16 janvier 1996, 30 ans
après sa formation. Sans s’être officiellement dissout,
Pink Floyd n’offre plus d’albums après 1994 et se fait
rare en concert. Des rumeurs veulent qu'ils donnent un
spectacle d'adieu avec le passage de l'an 2000, mais ce
n'est pas le cas. Ils mettent quand même sur le marché
en 2000 un album double en concert enregistré lors de la
tournée de The Wall en 1980-81. Puis, en 2001, on
trouve en magasin la première véritable compilation des
plus grands succès du groupe. Il s'agit d'un album
double intitulé Echoes: The Best of Pink Floyd,
qui comprend les succès de tous les albums du groupe
sans exception, mais qui ne sont malheureusement pas
présentés selon un ordre chronologique. Il s'agit tout
de même d'une pièce de collection de ce groupe
légendaire.
Une réconciliation entre Waters et Pink
Floyd a lieu en 2005, le temps d’une réunion lors du
concert bénéfice Live 8. Des rumeurs d’une
reformation permanente surgissent, mais Gilmour décline
tout nouvel arrangement. Waters part plutôt en tournée
en solo, reprenant en concert The Dark Side of the
Moon et The Wall dans leur intégralité.
Syd Barrett décède du cancer du pancréas
le 7 juillet 2006.
Le 15 septembre 2008, c’est au tour de
Richard Wright de décéder, des suites lui aussi d’un
cancer.
En 2014, Pink Floyd présente The
Endless River, son 15e album, construit à
partir d’enregistrements tirés des sessions de The
Division Bell. Il s’agit d’un album double en
hommage à Richard Wright, qui contient principalement
des pièces instrumentales et atmosphériques, sauf pour
l’extrait « Louder than Words ».
Il faudra ensuite attendre jusqu’en avril
2022 pour du nouveau matériel de la part de Pink Floyd
avec la pièce « Hey Hey Rise Up », une première nouvelle
chanson depuis 1994. Cette chanson se veut un soutien à
l’Ukraine à la suite de l’invasion russe.
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